jeudi, avril 22, 2004

“Octobre” : Un film ; une chanson (qui n’ont rien à voir).

Oui, ce message ne contient pas le terme "New York", mais on s'en fout.

“Le vent fera craquer les branches, la brume viendra dans
sa robe blanche. Il y aura des feuilles partout, couchées sur
les cailloux, Octobre tiendra sa revanche...”
Francis Cabrel, Octobre.

Cette journée d’avril avait bizarrement commencé.
Le soleil brillait comme jamais et un vent frais apaisait la nature
folle de retrouver un printemps tant attendu, suite logique d’un
hiver infernal ayant couvert le pays depuis trop longtemps.
C’était dans ce matin doux que la stridente sonnerie de mon réveil
alerta mon moi endormi dans les draps froids et caféinés que je
n’eu pas le temps ni l’argent d’emmener nettoyer au pressing du
coin après l’incident du café, survenu il y a déja quelques temps.
Je préfère passer le reste de la matinée sous silence, n’assumant
pas encore complétement les actes que j’y ai posé. Peut-être que
dans quelques années, après plusieurs séances chez le thérapeute
je serais capabe d’aborder cette facette de moi, mais pas ici ; pas maintenant.

Ainsi, en début d’après-midi, je tombais nez-à-bobine avec
le film nostalgique “Octobre”, de Pierre Falardeau, datant de 1994.
Ne sachant trop quoi faire de ce temps-mort entre mes cours et
mon travail, je me passais le film, sans oublier bien entendu de
m’endormir vers la scène la plus violente du film
(celle où il y a du sang, des cris et tout. Berk).

Pierre Falardeau, dans ce “fait-vécu”, nous raconte la semaine
la plus marquante du mois d’octobre 1970, celle où une cellule du FLQ
(la cellule Chénier), composée des frères Rose, de Francis Simard et
puis d’un inconnu (qui ne l’était pas à l’époque, mais qui l’est devenu
contre son gré) du nom de Bernard Lortie a décidé d’appuyer la cellule
Libération dans sa vague d’enlévement en kidnappant le député
Pierre Laporte le 10 octobre1970 . Cet enlevenement, suivi de tout plein
de satanés trucs et de coups de pas de bol, conduira à la mort de ce pauvre Pierre.
Une mort, c’est toujours triste. Une minute de silence est demandée, s’il-vous-plait.

“Enfin, me semblait-il, l’histoire est connue, elle est entrée
dans la culture populaire, la culture populiste, est-il besoin d’en faire un film?”


Effectivement, Falardeau se devait de le faire. Que ce soit pour rendre
public le livre de Simard, racontant sa version des faits ou que ce soit
pour appréhender la mort de Laporte selon le point de vue de ses
ravisseurs, Falardeau devait trouver un moyen d’assimiller enfin le choc
qu’il eut en entendant dans un taxi, le 17 octobre 1970, que le FLQ était
meurtrier. Un choc qui eut pour effet, cummulé à probablement bien
d’autres chocs culturels, d’orienter sa carrière anthropologique
(à l’époque, il étudiait cette matière) vers le cinéma.

L’histoire, vue par une personne extérieure à cette culture felquiste
et souverainiste est intéressante dans la mesure où elle tend à vouloir
êre un apéritif. On sent, en voyant le film, qu’il regorge de clins d’œil,
et qu’il demande au spectateur une réflexion sur l’avant et sur l’après
“octobre 70”. Il pose des questions au spectateur, lui demande d’avoir
un avis sur la question, car on sent (et c’est normal) que ce film est de
parti pris (il raconte l’histoire selon un point de vue felquiste).
L’on peut alors se demander comment les gouvernements ont
appréhendé la nouvelle des évènements, quelles furents leurs
réactions, quelles furent les options.

S’il fallait pointer un défaut de ce film, ce serait cela. Son unilatéralisme latent.
Mais, comment faire autrement? La seule personne qui a voulu en parler
ouvertement depuis 24 ans est Francis Simard, à travers son livre "Pour en finir avec Octobre".

J’ai lu, de-ci, de-là, que Falardeau avait voulu rendre ces
figures historiques que sont devenus les frères Roses et leurs
acolytes, plus humains, moins iconiques, que ce soit à travers
l’évolution du stress ou encore le manque d’organistion flagrant.
Et bien, c’est réussi.
Même en connaissant l’issue de l’histoire, le spectateur se sent
vivre la crise, se sent felquiste, se sent mal face au non-choix de
tuer Laporte. L’accent est tellement mis sur les personnes dans
ce film que l’on en vient à en éprouver de la sympathie à leur égard,
tout en sachant pertinemment ce qu’ils ont fait. Peut-on leur en vouloir?
Ont-ils eu le choix où furent-ils dépassés par les évènements?
Qui ne l’aurait pas été? Falardeau nous démontre le courage qu’il
leur a fallu dans leurs actes, les rabaissant à notre niveau de simple
personne avant de les remettre sur leur pied d’estal à la fin du film
en nous rappelant leurs mots au tribunal : “Pas Coupables. Responsables.”

Cette simple phrase démontre bien la confiance qui était au fond d’eux.
La confiance qu’ils avaient en leurs ideaux, et en la valeur de leurs actes.
Ils ont faits ce qu’ils avaient a faire. Ils ont géré leur crise de manière responsable.
Même si cela devait signer la fin du FLQ, même si cela devait démolir
le début de prise de consience du peuple québécois de sa léthargie,
ils semblaient persuadés que grace à ces simples mots, le futur
allait s’annoncer plus francophone, plus libre.

Ont-ils eu torts?
Leurs mots ont-ils eu un impact sur ne serait-ce qu’une partie de la population ?

Très certainement, et Falardeau le sait. Ainsi, fatalement,
en placant cette phrase avant le générique, il s’assure de garder l’image
d’un groupe soudé et voulant amener le Québec dans de plus hautes
sphères que le peuple s’est forgé du FLQ et de ses membres les plus exposés.

L’image du FLQ fut détruite quand l’on appris la mort de Laporte.
Falardeau ne pouvait se permettre de la redétruire une seconde fois,
au risque de se mettre une bonne partie de la population qu’il aime défendre à dos.

En effet, encore aujourd’hui le FLQ a des partisants rétro-actifs. Je le sais, j’en connais.

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