samedi, avril 15, 2006

C’est un courrier pour toi, Cécile Maedonis.

Depuis le temps, tu le mérites bien.

Je suis en train de relire quelques bribes de nos conversades sur msn, que j’ai conservées sans même m’en souvenir sur un cd quelconque, un cd que je gardais avec moi pour tout autre chose. Les bribes ont précédé le retour du roi de 2004-2005 (le roi, c’est moi).
Et je crois avoir enfin compris l’éloignement que j’ai ressenti durant ce retour. Nous nous sommes éloignés, c’est indéniable. J’ai longtemps mis ça sur le compte de ta relation parfaite avec C., puis, j’ai mis ça sur le compte de mon propre empressement. Puis, sur notre place dans nos environnements respectifs.
Mais, ce n’était pas satisfaisant. Cela n’expliquait pas sans l’ombre d’un doute raisonnable le fait que nous soyons passés d’une relation communicative relative à une mise en sourdine totale. Cela n’expliquait pas que tu ai disparu aussi vite de ma vie.

En relisant ces messages, je crois que j’ai compris.
Je ne t’ai tout simplement pas vu grandir. Devenir Cécile, la femme. Parce que tu es une femme, maintenant.
Je sais bien que tu dois le savoir, mais je me sens obligé de l’écrire, je n’arrive pas vraiment à me l’imaginer. Tu es restée si longtemps la Cécile du lycée, à mes yeux.
Et c’est là toute mon erreur.

Tu m’as envoyé un texte, début juin 2003, un texte où tu exprimes, entre autres choses, ta crainte de me décevoir et ton incompréhension face à mes certitudes quant à nous, quant à ce que je ressentais pour toi. Je dois t’avouer qu’effectivement, je ne doutais pas de notre amour, je ne doutais nullement que toi et moi, ça pouvait être pour la vie…Pas une seule seconde, je t’assure, pas une seule fois, je me suis dit que je pouvais te décevoir. Pour ta part, tu ne m’as pas déçu. Aucunement. Quand on parle de personne aveuglée par l’amour, si jamais on devait en chercher une définition dans un dictionnaire, il est certain que l’on y verrait ma photo, fig. A : Nicoco aveuglé par son amour pour la jolie Cécile.
Parce que, ouais, je ne pensais qu’à toi, qu’à nous. Parce que pour moi, il ne s’était pas écoulé un an et demi, parce que pour moi, le monde entier s’était figé dans l’attente de nos retrouvailles et ce, depuis le 09 octobre 2001.

La première fois où nous nous sommes revus, c’était comme si je retournais au David-Neel quelques jours après ma fuite. Comme si nous n’avions pas bougés. Je n’avais pas de craintes de te décevoir, car je ne voyais pas notre séparation, mon absence physique comme étant un arbre à phantasmes. La déception ne vient que de la confrontation entre les fruits du fantasme et la réalité, dure ou douce.
Oui, j’avais fantasmé des choses, et oui, peut-être trop fort pour que tu n’en ai pas conscience. Mais, ce n’était pas des fantasmes sur ce que tu allais être devenue, mais sur ce que nous allions faire. Des fantasmes sur la force de notre couple.

Enfin, je radote et ce n’est pas le but premier de ma lettre que de te remémorer ma vision de toi+moi. Et puis, tu es une femme, maintenant.
Je ne peux plus me permettre de tenter de t’embobiner avec mes théories farfelues. Tu ne t’y fais plus prendre.
Tu ne te souviens probablement pas de ce que je t’ai écrit lors d’une de nos dernières (si ce n’est la dernière) conversations sur msn avant mon retour de 2004. Je l’ai gardée (oui, ça me surprend aussi, je la traîne avec moi depuis bientôt deux ans…), alors je vais te la rappeler : tu me faisais part de tes doutes face à la relation que tu vivais avec C. Je ne savais absolument rien de lui, alors je ne pouvais que parler de toi.
(J’ai tenté d’alléger le texte, hein…)

L'appel du 19 juin dit :
Personnellement, j'ai peur que ta relation avec lui ne te change et te fasse devenir une fille comme les autres, alors que tu es par essence extraordinaire.
Sinueuse dit :
c'est touchant ce que tu me dis...
Mais tu sais, je suis fatiguée de ne pas être une fille comme les autres... Je sais plus qui je suis à force de faire semblant d'être quelqu'un
L'appel du 19 juin dit :
Tu es cecile maedonis, la plus intéressante des ingénues que j'ai connu.
Tu es toi et c'est ce qui compte.
Ne te fonds surtout pas dans la masse, vis ton individualité comme une qualité qui fait de toi une personne au-dessus des autres.
Je te vois vraiment comme ça.
La manière incongrue avec laquelle tu réagis a certaines situations est merveilleuse.
La manière que tu as d'être sans te soucier des gens autour de toi, la manière que tu as de te laisser aller dans tes faux-semblants, parfois, tout cela dépasse ce que la majorité des femmes peuvent faire.
Tu es très compliquée, c'est vrai, mais tu es à la fois toute simple.
Sinueuse dit :
mais alors pourquoi on me comprend pas?
Je veux dire, y'a pas beaucoup de gens qui savent dire ce qu'il faut
pourquoi !?
L'appel du 19 juin dit :
Parce que tu vis différemment des autres…
Avec une logique et une manière d'appréhender le monde qui peut sembler étrange pour autrui.
Enfin, c'est difficile à expliquer. Si je te voyais, je saurais peut-être un peu plus comment te le dire. Là, je ne sais pas du tout comment tu réagis derrière ton miroir.
Je ne veux pas te savoir triste.
Et puis tu es si jeune, c'est normal de ne pas toujours arriver a se situer face a tout
Sinueuse dit :
Je suis jamais triste... Je suis toujours moi c'est tout...Juste Cécile un peu paumée
L'appel du 19 juin dit :
Cécile un peu paumée… doit-elle le rester?
Il ne faut pas que tu laisses ton individualité de coté sous prétexte que cela t'empêche de te situer. Je pense que tout cela va se fixer ; qu'un jour, tu seras suffisamment à l'aise avec ta personne pour ne plus t'embêter avec tes incertitudes.
Il suffit de prendre la vie relax
Sinueuse dit :
mouais...Mais bon, tu commences à me connaître, prendre la vie avec simplicité...Je sais pas faire


Je crois que finalement, en bien peu de temps, tu as appris à prendre la vie comme elle vient. Peut-être grâce à C. ou grâce à d’autres. Je t’avouerais que cela flatterai mon ego de savoir que je t’y ai aidé, mais je ne pense pas que j’en serais là si ça avait été le cas…

Voilà. Tu as pris ton envol trop vite pour moi. Alors que j’essayais de te montrer que le monde vu du ciel était simple et magique, alors que je voulais t’apprendre à voler de tes propres ailes, que je m’en sentais la responsabilité, non pas du père, mais plutôt du frère comme je te l’ai dit un peu plus tard cet été là, toi, tu t’es envolée au sommet des montagnes, sans même que je ne m’en sois aperçu.

Normalement, dans ces cas-là, on se dit Adieu.
Pour ma part, j’hésite, même si toi, tu l’as probablement déjà fait en silence le jour du lapin que tu m’as posé à Digne (t’en souviens-tu, simplement ?). Je devrais arriver à me sortir de ce marasme, de ce nuage dépressif qui entoure ce que le ‘nous’ (toi+moi) est devenu.

‘Pourquoi cette relation ne peut-elle pas rester juste un très bon souvenir, comme elle l’était jusque là ?’

Je me le demande et je me demande si tu te le demandes.
Peut-être parce que tout ça a fini en peau de boudin, sans que je ne m’en aperçoive, sans qu’une seule personne de mon entourage n’ai eu la présence d’esprit de me signifier la fin de la relation (au sens large du terme) ‘Cécile et Nicoco’. Peut-être est-ce parce que tu étais mon secret le mieux gardé...peu de gens dans mon entourage savait cette relation.
Début juillet, suite à plusieurs mails sans réponse et un appel infructueux sur ton portable, j’ai cru enfin l’imprimer dans ma tête.
‘La relation qu’entretenaient Cécile et Nicoco repose ici en paix, dans cette cabine téléphonique de Cannes. 09/2001-07/2005 : Elle aurait pu atteindre les quatre ans, mais peut-on vraiment y inclure les derniers mois ? Elle y était déjà vacillante. Elle s’est éteinte sans préavis, sans même fournir un testament sur lequel se fier. Amen.’

Mais, je trouve dommage de finir une si belle partie de ma vie sur cette touche morbide.
Alors, comme un idiot, je tente de raviver une flamme que j’ai moi-même soufflé, dans mon aveuglement terrible.

Cette lettre, c’est ça : une dernière allumette.
Je sais qu’elle n’allumera aucun feu, et ce n’est pas son rôle.
Peut-être rallumera-t-elle certaines braises pour mieux les éteindre. Ou pour enfin les éteindre. C’est évidemment toi seule qui a les cartes en mains à partir de maintenant.

And it’s been on my mind...calling long distance…you sound so close, but you're such a long way from home...’ –Ray Davies

Allez, bonne nuit (pour ne pas briser les habitudes, il est 02h48) jeune femme.

Nicoco B.

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