mercredi, mars 03, 2004

La mort aux dents

Un repas de famille trépidant, raconté de manière
non moins trépidante par Nick Butch:


10 juin 1942, 8h42:
Cette journée avait bien mal commencée.
Oh ca oui, croyez-moi, bien mal...Et je m'y connais bien
en journées mal commencées. Ça, croyez-moi. Oh, oui.
Encore une fois, je m'étais fait réveiller en sursaut par
mon telephone antédilluvien, alors que je m'étais endormi
sur la chaise en bois qui pince les fesses de mon bureau de
detective où j'avais élu domicile, faute d'avoir assez d'argent
pour payer le loyer de mon appartement.
Ainsi, la stridente sonnerie de mon vieux bigophone me sorti
de ma douce torpeur et me rappela que dans la vie, il y avait
autre chose à foutre que de dormir, comme par exemple bosser
afin de devenir un detective de renom et d'enfin avoir de beaux
chapeaux, du wisky à volonté sur mon bureau ou encore des
blondes plantureuses venant du froid me mettant sur une
enquete afin de, finalement, coucher avec moi, bref, il fallait un peu de
routine dans ma vie ponctuée de malchances. Mais, comment faisait
Dick Tracy?
Arrivé au combiné de téléphone, voilà t'y pas que la sonnerie cesse.
J'en profitais donc pour me préparer car, le soir même,
un repas de "famille" m'attendait. Avec LA Famille. Oui, toute
la famille du milieu, avec les "freres", les "soeurs", les "cousins",
les "cousines", les "rats", les "salades", les "chous", même
la "belle-maman" serai présente, bref, la totale. Le moment
parfait pour se débarasser de ce ramassis d'aspirants terroristes.

21 juin 1942, 25h98:
Cette soirée au Hilton avec toute la "famille" fut assez
éprouvante, surtout que...mais, il vaut mieux reprendre du début...

La pluie battait donc fort ce soir-là, et comme nous étions
en plein mois de juin, l'humidité se faisait ressentir dans l'air.
Je sais bien que la dite humidité a tendance à faire sortir les
malfrats, j'étais donc sur mes gardes en allant à ce repas.
En arrivant, je vis un buffet extraordinairement rempli,
des amoncellements de viandes cotoyant des crudités de
toutes sortes, le tout deservi par une quantité d'alcools
coulant à profusion et 145 convives attroupés dans les parages.
Je décidais de faire comme la meute et d'aller me chercher
quelques amuses-gueule pour débuter la soirée.
Je commandai un martini, car c'était tout ce que ma bourse me permettait.
-Deux glaçons?
-Je déteste les glaçons, répondis-je au barman imprudent.

J'allai m'assoir le cul entre deux chaises, sachant qu'un meurtre
allait se dérouler ce soir, ici-même. Et oui, j'enquêtais under-cover.
J'écoutais donc les gens au détour des conversations,
j'entendis certaines blagues comme:
Qu'est ce qui est seize?
Un petit chemin, parce qu'il est treize et trois.

Éclats de rires dans l'assemblée.
Rien qui ne pouvait m'aider, aucun suspects, aucun faux pas.

Je décidai donc de profiter de mes liens, de mes "oncles"
et autres "cousins" pour me saouler aux frais de la "princesse",
puisque jusque là, rien n'avait fait avancer mon enquête, alors autant en profiter.

Grossière erreur.

Le lendemain matin, je me réveillai le cul sur ma chaise
qui pince les fesses et, comme la veille, le téléphone sonnait.
Cette fois-ci, j'eu le temps de décrocher avant que mon interlocuteur ne raccroche et il me chuchotat ces mots:
Regarde le journal...
C'est à ce moment là qu'un journal, le New-York Global Post,
glissa sous ma porte. Je vis tout de suite les gros titres:
TOUTE LA "FAMILLE" ASSASSINÉE, UN DÉTECTIVE IMPLIQUÉ!
Le tout suivi d'un portrait-robot de moi-même et d'une mise a prix.
Paniqué, la seule solution me venant en tête était la fuite.
Comment expliquer à mes collègues mon implication dans
un évenement dont je n'avais nuls souvenirs?
En enfilant mon paleto, j'entendis les sirènes de la police dans les environs.
Les bruits de sirènes sont assez fréquents dans le comté,
il faut bien l'admettre, mais je savais que c'était pour moi.
En ouvrant la porte pour fuir, je tombai nez-à-nez avec
un policeman ayant perdu tout sens de l'humour, à voir sa tête.
La mine grise, le teint morbide, une chemise délavée et du poil
au menton, celui-ci n'avait pas dû avoir l'occasion de dormir depuis un bail.

Puis ce qui devait arriver arriva.
Menottes aux quenottes, fermeture de bureau, accusations,
décrédibilté, vengeances de certains, tentatives de meurtres
à mon égard, jugement baclé et probablement trafiquoté
par les survivants du 'milieu".
Je me demande encore parfois comment j'en suis arrivé là.

Aujourd'hui, j'ai trouvé une nouvelle famille avec mes co-détenus
et nous sommes en train de manger de la purée de petits pois
tous ensemble en nous racontant pourquoi et comment
nous sommes arrivés là. J'ai aussi eu l'occasion de récupérer
ce journal pour achever l'écriture de l'aventure qui m'a mené ici.
Mais, mon esprit s'embrouille, j'ai de plus en plus de mal à défaire
le réel de mon imaginaire. J'ai la tête embrumée et je ne pense plus
qu'à ces petits pois de malheurs. Je les imagine rouges, ce sont
des goutes de sang, je mange du sang.

Miam miam.

C'est fun.

Giga.

Héhé.

C'est ici que le journal intime de Nick Butch s'arrête.
D'aucun pensent qu'il est devenu fou par la suite.
D'autres disent qu'il a tout simplement perdu l'usage de ses mains.

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