jeudi, septembre 23, 2004

Sur la route du chemin...

...Je me perd sans cesse.

A gauche? Je t'avais dit de prendre à droite !

C'est ainsi que j'ai découvert les mérites des erreurs. C'est ainsi que j'ai appris à me tromper. C'est ainsi que j'ai pris plaisir à l'echec en mettant mat.
Et c'est à cet endroit que je l'ai rencontrée.
Toutes les histoires d'amour tournent autour d'une personne dont on s'éprend. Eperdument. Follement. Illogiquement.
Tout comme lorsque l'on ment.
Cette fille était jeune, à la peau douce et nacrée. Nabokov aurait utilisé le terme disgracieux de lolita pour la définir. Mais, elle préférait qu'on la nomme Elsa.
Si j'avais su dans quoi je m'embarquerais alors, le double exil qui deviendrait le mien, je crois...non...non, je ne crois pas. Je crois que j'aurais malgré tout plongé tete baissée, noyé dans la beauté charnelle qu'elle dégageait.
Oui, au lieu de la dissuader, oui, au lieu de ne pas la laisser m'aimer.

Toutes les descriptions que je tenterais de faire pour la faire exister dans vos regards vides ne feraient naitre que des doublures grotesques, des ingénues sans charme, des enfants sans talent.
Elle est impossible à décrire car impossible à imaginer dans sa globalité.
Même en décrivant chaque parcelles de son etre dans les moindres détails, atomes par atomes, la partie physique tant la métaphysique, nous n'arriverions qu'au portait grossier d'une fille banale et sans interet.
Des défauts, elle en avait, des mignons bien sur, des trop grossiers pour être consignables ici, des merveilleux de tendresse evidement, des qui vous dégoutent de la femme en tant qu'etre aimable et aimant, le pire de tous, celui qui vous ferait régurgiter votre déjeuner si vous l'aviez pris ce matin, celui qui nous mena elle et moi où nous sommes étant que je l'aimais comme jamais.

Je l'ai rencontrée au premier soir de l'automne, un soir étouffant de chaleur moite, une chaleur clichée de ce genre de soirées. Elle se tenait a deux pas de moi.
Elle savait dans son regard se montrer distante.
Elle savait aussi dévoiler le petit peu de fragilité dont les hommes ont besoin pour se sentir exister auprès de femmes dans son genre.
Elle avait cette force qui dit aux gens comme moi, à nous, hommes modernes et castrés, qu'ils feraient mieux de ne pas approcher, sous peine de voir leur vie disparaitre, sous peine de se sentir atomiser par sa présence excitante.

"Mais alors, me demanderiez-vous, si vous ne l'avez pas approchée, comment avoir une idée de ses sentiments ?"
Et vous auriez raison si vous n'aviez pas mille fois tort de raisonner de la sorte.
Oui, car sans contacts autre que visuels, sans avoir meme eu l'occasion de partager le doux son de sa voix, comment aurai-je pu la sonder au point de lire son amour?

Pauvres sots que vous etes ! Comment croire qu'une fille si parfaitement indescriptible puisse etre autre chose que le fruit de mes fantasmes les plus délurés ? Que cette fille puisse etre autre chose que la somme de toutes ces gamines au regard pubère qui ont peuplé ma jeunesse et qui hantent encore mes nuits ?
Oui, elles m'aimaient, car je savais les aimer en retour de leur simple nubilité.
Oui, elle ne s'appellait elsa que par le simple caprice de mon imagination.
Oui, je ne l'aimais que parce qu'elle n'était qu'une enfant de l'irréalité qu'organise mon chaotique mental.

Et c'est pour cela que son sort de fruit défendu ephémère, de fruit disparu m'a désolé.
Et c'est pour cela que mon sort d'amoureux transit d'une beauté imaginaire m'a fait pleurer comme jamais.

Aucun commentaire: