lundi, mai 03, 2004

Gratien Gélinas :

Un homme, un vrai.

Il était une fois un homme. Cet homme,
qui fut jeune à une époque, vieux à une autre
se prénommait Gratien Gélinas. Aujourd’hui,
il est mort. Je sais, c’est triste. Mais, ce n’est
pas une raison pour que ce roi de l’avant-garde
sombre dans l’oubli qui est l’apanage des
grandes vedettes québécoises du XX° siècle.

Ce Gratien, je l’ai rencontré dans d’autres vies.
À l’époque, je vendais des journaux à 5 cents
dans la rue à Saint-Tite en (Mauricie).
Le 08 décembre 1909, Gratien naissait dans
les choux alors que je me gelais dans le matin
hivernal. Sa jeunesse fut marquée du divorce
(pratique mal vue à l’époque et donc peu
courante et donc mal vue…) de ses parents
et son manque de ressources financières
l’empêcha de s’adonner au théâtre tel qu’il
aurait voulu dans son enfance.
Mais, dès 1928, alors que je tentais de
provoquer le crash boursier de 1929,
lui se lancera dans une carrière semi-professionnelle
dans le théâtre. En 1934, alors que je m’étais
suicidé trois fois, il obtenait son premier rôle
dans le radio-roman Le curé du village et se
faisait remarquer par les gens du milieu artistique de l’époque.
Après quelques années, il créa le personnage
de Fridolin, un adolescent faussement naïf
que je savais inspiré de ma personne (j’avais
alors dix-sept ans). Face au succès, ce
personnage radiophonique sera décliné au théâtre.
La suite était facile à deviner. Après s’être
inspiré de moi pour un de ses personnages,
il lui fallait s’inspirer de lui-même.
C’est ainsi qu’est né Tit-Coq, un bâtard
va-t’en guerre qui connut un succès phénoménal
dès sa sortie en 1948. Il est intéressant de voir
que ce fût la première pièce dramatique québécoise
et il est plus intéressant encore de noter que c’est
moi, alors petite putain de Montréal qui vendait ma
jambe pour pas cher qui lui ai proposé de l’écrire et
par le fait même de devenir un précurseur.

Dans les années 50 à 70, Gratien n’accouche
que de deux pièces (Bousille et les justes en
1956 suivie en 1966 de Hier, les enfants dansaient.),
mais quelles pièces ! À l’époque, j’étais critique
au théâtre, et il était clair que Gratien allait marquer
la face culturelle du Québec.
En 1986, alors que je venait de renaître
sous la forme d’un français, Gratien revenait
au théâtre pour montrer à tout le monde qu’il
savait encore tenir un crayon. Cela a donné
La Passion de Narcisse Mondoux qui eut encore
une fois un grand succès et qui sera joué jusqu’en 1993.
Le 16 mars 1999, deux mois tout rond
avant que je n’emménage au Québec,
mon brave Gratien est mort. Comme ça. Paf.
Je n’ai même pas pu le rencontrer dans cette
nouvelle vie, si ce n’est a travers ses pièces,
toutes plus proches de la réalité québécoise les unes que les autres.

Bibliographie (plus ou moins exhaustive):

-Les Fridolinades, 1938
-Tit-Coq, 1948
-Bousille et les justes, 1956
-Hier, les enfants dansaient, 1966
-La Passion de Narcisse Mondoux, 1986

Médiagraphie :

-GÉLINAS Gratien-Répertoire des membres du CEAD :
http://www.cead.qc.ca/repw3/gelinasgratien.htm

-Prenez Place ! Gratien Gélinas : http://www.collectionscanada.ca/05/0519_f.html

-Gratien Gélinas :
http://www.denise-pelletier.qc.ca/fiches/auteurs/gelinas.html

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